A l’occasion du démarrage de la présidence française du réseau européen Leader, ELARD, retrouvez l’interview de Thibaut Guignard. 

La France, à travers Leader France, vient de prendre la présidence du réseau européen ELARD depuis le 1er janvier 2023 pour une période deux ans. Pouvez-vous nous présenter ce réseau ?

ELARD est une association européenne qui fédère les réseaux nationaux de LEADER. Elle représente près de 2 800 Groupes d’Action Locale de 29 pays, y compris de pays du voisinage de l’Union européenne qui ont adopté et mettent en œuvre la méthodologie LEADER du développement local par les acteurs locaux.

L’association travaille activement à rendre l’approche LEADER mieux connue parmi les décideurs européens afin de garantir son financement dans la politique européenne de développement rural. Elle milite pour le développement local mené par les acteurs locaux (via la mise en réseau des acteurs privés et publics, la diffusion de bonnes pratiques, le soutien aux actions innovantes, la coopération européenne, etc.) et représente les intérêts des Groupes d’Action Locale LEADER auprès des institutions européennes.

La présidence de ce réseau est une présidence tournante tous les deux ans.

Pourquoi avoir souhaité que Leader France préside ce réseau européen ?

Bien que Leader France fasse partie des membres fondateurs de ce réseau européen en 1999, notre fédération ne l’a jamais présidé alors que c’est en France que les prémices du développement local et de LEADER ont été créés.

Depuis plusieurs années, notre fédération se développe et est désormais reconnue au niveau français mais également au niveau européen comme un interlocuteur privilégié sur Leader et plus généralement les fonds européens pour les territoires ruraux. La présidence de ce réseau s’inscrit dans la continuité des actions que nous avons mené durant la présidence française du Conseil de l’Union européenne (ndlr : Congrès européen des GAL à Ploeuc-L’Hermitage, mobilisation des réseaux européens sur le rapport sur la cohésion européenne et le rapport de la Cour des comptes européenne). Par ailleurs, la période 2023-2024 est une période cruciale pour Leader et la prise en compte des territoires ruraux. Avec l’Agenda rural français, le début de la nouvelle programmation européenne et les élections européennes 2024, de nombreux enjeux importants arrivent et nous souhaitions être un acteur actif dans cette période stratégique.

Quels sont vos projets pour ELARD ?

La candidature que nous avons proposée en 2022 se basait sur une réelle ambition pour ELARD.  Nous ne souhaitions pas présider pour présider : Nous souhaitions procéder pour faire bouger les lignes et développer de nouveaux projets. Notre ambition ne se limite pas aux actions de policy making à Bruxelles : Nous souhaitons construire un véritable réseau des Groupes d’Action Locale en Europe. C’est pourquoi, nous mettons tout en œuvre pour organiser dès cette fin d’année 2023 un Congrès européen LEADER à Bruxelles, en partenariat notamment avec le Comité Européen des Régions. Un événement européen dédié uniquement au programme Leader et au développement local mené par les acteurs locaux durant lequel les Groupes d’Action Locale de l’ensemble de l’Union européenne pourraient se retrouver, échanger, coopérer. Nous souhaitons un réseau qui « parle » aux GAL et qui apporte une véritable plus-value notamment en termes de visibilité.

Quel impact cette présidence d’un réseau européen peut avoir sur le programme en France et pour les Groupes d’Action Locale ?

Un impact important j’espère ! Avant notre candidature à ELARD, nous avons rencontré le ministre de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire, la ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité ainsi que Régions de France et l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires pour présenter notre projet. Nous avons toujours reçu un accueil favorable. Nous espérons que cette présidence permettra de mettre en lumière le programme Leader au niveau national et régional. Nous espérons également que notre nouvelle résonnance européenne puisse influer sur la mise en œuvre de Leader en France. Leader fonctionne mieux dans de nombreux pays européens. A nous de nous inspirer des bonnes pratiques !

En ce qui concerne les Groupes d’Action Locale, nous souhaitons développer des actions qui leur seront dédiés (ndlr Congrès européen des GAL) et que cette présidence puisse leur bénéficier de manière directe ou indirecte dans l’ensemble des actions que nous allons mener pendant deux ans.

Quels moyens vont être dédiés à la présidence d’ELARD ?

ELARD et Leader France resteront deux entités distinctes avec leurs propres budgets, leurs propres fonctionnements, leurs propres instances de décision. Pour présider et avoir le moyen de nos ambitions, nous avons demandé le soutien financier des ministères. Parallèlement, la bonne gestion financière de notre fédération depuis plusieurs années nous permettra d’apporter un autofinancement si nécessaire.

Nous souhaitons appliquer à ELARD la même recette que pour Leader France et travailler à développer de nouveaux projets qui permettront d’avoir des recettes complémentaires. L’arrivée de Marie Permingeat, qui coordonnera ELARD, au sein de notre équipe, doit nous permettre de renforcer ELARD et de poursuivre en parallèle nos actions en tant que fédération nationale.